En 1975, Ulla, la pasionaria de la révolte de Lyon, se clamait libre de tout proxénète et défendait haut et fort le droit à un travail non criminalisé, déclarant à la tribune de La Mutualité : Si une seule d’entre nous est maquée, on se fait toutes nonnes !
. En 1976, elle fait une tentative de suicide.
Aujourd’hui, elle reconnaît qu’elle était
maquée, comme 98 % des filles
. Ce n’est pas pour protéger son souteneur qu’elle a menti. Mais pour sauver ma peau. C’était trop dangereux de dire la vérité…
« Comment avez-vous pu me croire ? »
Pourtant, elle espère toujours ce qu’elle réclamait hier : protection sociale et respect. En 30 ans, rien n’a été fait, fulmine-t-elle. On revient à la case départ
.
Faut-il, pour autant, légaliser ? Surtout pas, tranche-t-elle. Que faire, pénaliser le client ? Cela va alimenter la clandestinité
. Rouvrir les maisons closes ? C’est le pire : de l’abattage en milieu fermé. Et ça entretient le proxénétisme
. Le fléau, c’est le proxénète qui transforme la prostitution en esclavage : qui nous maltraite comme du bétail
, dit Ulla.