L’opération promotionnelle se voulait anodine : profiter de la « Journée de la Femme » pour organiser, dans 450 cafés et brasseries à travers le pays, la distribution de roses en direction de la « clientèle féminine » et multiplier « les délicates attentions pour chouchouter ces dames ! » (sic). Il n’en fallait pas plus pour faire bondir Dominique Tripet, de la commission nationale Droits des Femmes/ Féminisme du PCF. « Ce dont les femmes ont besoin, c’est d’être considérées comme des citoyennes à part entière, pas d’être chouchoutées ! », rétorque-t-elle. « On ne demande pas de l’amour, mais simplement du respect ».
Promotions shopping, réductions sur les épilations, le maquillage, l’électroménager, boissons ou roses offertes… Depuis quelques années, la journée est l’occasion d’opérations commerciales ou de communication qui détournent l’attention à leur profit, avec force stéréotypes réducteurs, transformant cette journée de lutte pour l’égalité, en grand shopping. « On ne veut pas des cadeaux, mais des droits effectifs ! »
Le président Sarkozy s’interroge sur l’utilité de cette journée : « C’est sympathique, il faut le faire, enfin parfois il faudrait qu’on se concentre sur l’essentiel », niant les inégalités : « Aujourd’hui d’ailleurs, la vie des femmes ressemble à la vie des hommes, les choses ont changé considérablement, considérablement. Toutes les femmes veulent travailler, souhaitent travailler, souhaitent être autonomes. »
« Ces déclarations sont scandaleuses, et montrent que Nicolas Sarkozy n’a pas bien pris la mesure des inégalités et de la nécessité de débloquer des moyens et de prendre des mesures pour arriver à l’égalité », a réagi Thalia Breton, une des responsables du réseau Osez le féminisme ! [1], qui prévoit d’écrire une "lettre ouverte" au président pour protester. La journée des femmes « ne servira à rien quand il y aura l’égalité », a-t-elle ajouté.