Après l’affaire Weinstein et la déferlante de témoignages sous les hashtags #MeToo et #balandeTonPorc, les associations de terrain croulent sous les demandes d’aide, à tel point que certaines doivent fermer leurs portes. Après la libération de la parole, « maintenant on agit » : face au manque de réaction, une centaine d’actrices et de personnalités françaises lancent un appel aux dons pour aider les victimes d’agressions sexuelles et de viols. Plus de 200 000 € sont récoltés en 6 semaines.
L’affaire Weinstein fait de ce 8 mars un moment charnière. « C’est comme si ces révélations venaient concrétiser des années de lutte féministe jusqu’ici inaudibles ».
Françaises en grève à 15h40
Pour la première fois, la journée du 8 mars se double d’un appel à la grève de la part de plusieurs syndicats. À 15h40, heure symbolique à partir de laquelle les femmes ne sont plus payées, en raison de l’inégalité salariale, des milliers de personnes descendent dans les rues pour défendre les droits des femmes et exiger des mesures contre les violences sexistes et sexuelles, ainsi que marquer la persistance des inégalités professionnelles.
Les manifestantes portent des pancartes « Femmes en colère, stop aux violences. Des actes, des moyens maintenant », « Nous voulons l’égalité », « Sexisme, racisme, même combat » et « De #MeToo à #WeToogether, tou-te-s ensemble contre les violences sexistes ! ». Plus de 80 rassemblements et 200 débrayages ont lieu un peu partout en France. De nombreuses mobilisations se déroulent y compris dans des entreprises ou des universités.
Paroles, paroles, paroles…
Pour la première fois depuis quatre ans se tient un comité interministériel consacré à l’égalité entre les femmes et les hommes. Une réunion à l’issue de laquelle le gouvernement dévoile un plan d’action de 50 mesures pour l’égalité (PDF). Annonces et effets d’annonce. À l’assemblée, les député·es suspendent leurs travaux à 15h40 pour marquer le coup. La journée se termine par un karaoké géant sur l’air de la chanson de Dalida Paroles, paroles, paroles, pour critiquer la politique du président Macron, parsemée de discours forts et de grandes phrases qui ne sont pas suivies d’actions.
« Les violences sexistes servent à nous empêcher de lutter contre les discriminations dont nous sommes victimes, au travail et à la maison. Les femmes sont toujours moins payées que les hommes, continuent à faire beaucoup plus de travail gratuit à la maison et avec les enfants, en bref, elles subissent de plein fouet la domination économique des hommes. Face à ce constat, l’État n’est pas une solution mais bien une grande partie du problème. »