En 1955, le mythe des origines du 8 mars fait sont apparition dans la presse. D’après un article de L’Humanité, la Journée internationale des femmes perpétue la tradition de lutte des ouvrières de l’habillement de New York qui, en 1857, le 8 mars, manifestèrent pour la suppression des mauvaises conditions de travail, la journée de 1 heures, la reconnaissance de l’égalité du travail des femmes. Cette manifestation produisit une grande impression et fut recommencée en 1909, toujours par les femmes de New York. En 1910, […] C. Zetkin proposa de faire définitivement du 8 mars la journée internationale des femmes.
(L’Humanité, 5 mars 1955).
Quelques jours plus tard, nouvelles révélations, en forme de conte de fées (et légèrement contradictoires avec le premier texte) : II était donc une fois, à New York, en 1857, des ouvrières de l’habillement. Elles travaillaient dix heures par jour dans des conditions effroyables, pour des salaires de famine. De leur colère, de leur misère, naquit une manifestation
(L’Humanité-Dimanche, 13 mars 1955).
Les travaux de deux historiennes, Lilliane Kandel et Françoise Picq, révèlent en 1982 que ces événements n’ont jamais eu lieu. Si les féministes adhèrent à cette jolie histoire, c’est parce qu’elle permet de distinguer la Journée internationale des femmes de l’influence soviétique
, analyse la sociologue Françoise Picq. De la dépolitiser, en somme : un petit arrangement avec l’Histoire à une période où l’Union soviétique n’a plus la cote.